Cet article porte sur les mutations de la mobilité et des pratiques de consommation en milieu populaire québécois au coeur du XXe siècle dans une perspective intégrant usages, demande et planification. À partir du cas du quartier Saint-Sauveur de Québec, nous examinons l’évolution de l’expérience du quartier et de la ville des résidants, de même que les réactions des instances planificatrices et les demandes citoyennes face à celle-ci. Les résultats d’une enquête orale démontrent que l’automobile a transformé l’expérience de la consommation au tournant des années 1960 en redessinant les rapports à la proximité et à l’accessibilité physique des résidants, habitués jusqu’alors de se déplacer à pied. Les projets des instances planificatrices de la Ville de Québec découlant du nouveau contexte né de cette transformation, fortement teintés par la variable automobile, ont fait l’objet d’une opposition de la part de citoyens. Les interventions de ces instances ont conduit néanmoins à une redéfinition durable de la structure de ce quartier populaire ancien et conséquemment de la vie qu’on y menait, redéfinition acceptée par une grande partie de ses résidants.
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Une culture urbaine en mouvement. Se déplacer et consommer en milieu populaire à Québec, 1930-1980
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